01.01.1970–
30.11.2014
Eva Nielsen
Entre figuration et abstraction, l'œuvre de Eva Nielsen montre dans des lieux de désolation, de déconstruction ce qu’il en reste de beauté.
#7
Eva Nielsen
Zones du doute
Entre figuration et abstraction, l’œuvre de Eva Nielsen montre dans des lieux de désolation, de déconstruction ce qu’il en reste de beauté.
Son travail peut être énigmatique, il ne se livre pas d’emblée : le recours à l’huile, à l’acrylique et à la sérigraphie sur toile impose une lecture approfondie de ses peintures. Son travail exige de dépasser, d’aller au-delà d’un premier regard pour explorer plus avant le déploiement des images, des scènes, des mondes qu’Eva Nielsen nous propose.
Après Claire Chesnier en septembre dernier, c’est Eva Nielsen qui sera la prochaine artiste exposée par Art [ ] Collector au Patio Art Opéra du 17 au 30 novembre. Septième candidate sélectionnée par le comité de Sélection Art [ ] Collector, son exposition sera réalisée sous le commissariat de Léa Bismuth et comprendra des œuvres emblématiques prêtées par des collectionneurs qui soutiennent l’artiste et des travaux plus récents présentés par sa galerie.
Après une carte blanche au salon du dessin DDessin où Evelyne et Jacques Deret ont exposé une sélection de dessins de leurs deux collections, et une exposition en mai dernier au Patio Opéra de leur deux coups de cœur à Jeune Création 2014, l’actualité du projet « Art Collector, des collectionneurs invitent un artiste » a été particulièrement riche cette année. En attendant les deux lauréats 2014 choisis par le comité de sélection qui se réunira pendant la FIAC.
Eva Nielsen, née en 1983, vit et travaille à Paris. Après une maîtrise d’Etudes Européennes et un Deug de Lettres Modernes, elle est diplômée en 2009 des Beaux Arts de Paris. Lauréate en 2008 d’une bourse Socrate qui lui permet d’étudier un an à la Central Saint Martins à Londres, elle remporte en 2009 le Prix Thaddeus Ropac, et a participé depuis à plusieurs expositions collectives. En 2010 et 2011, la galerie Dominique Fiat lui consacre deux expositions personnelles : «Feedback» et «Walden». Elle est représentée par la galerie Jousse entreprise.
Une exposition vient de lui être consacrée à Londres. Ses œuvres ont été acquises par plusieurs collections publiques et privées notamment le Centre National des Arts Plastiques, le Mac Val ou la collection d’art contemporain de la Société Générale, le Fonds municipal d’art contemporain de la Ville de Paris (FMAC).
…Il y a des pays sans lieu et des histoires sans chronologie ; des cités, des planètes, des continents, des univers, dont il serait bien impossible de relever la trace sur aucune carte ni dans aucun ciel, tout simplement parce qu’ils n’appartiennent à aucun espace » , écrit Michel Foucault en introduisant son concept d’hétérotopie, de lieu autre, lieu de l’utopie et de la poésie. Eva Nielsen invente de tels lieux sans lieux, non localisables et surtout sans limites assignables, parcellaires, seulement cernés pars les bords du cadre (…) Eva Nielsen crée le doute quant à l’origine même de ces lieux, et c’est même cela sa grande intention : élaborer des territoires du doute. Des terrains vagues. Des espaces sans fonction. Sans occupation. Peut-être, ces espaces ont-ils été occupés, investis, un jour par le passé, mais il ne reste que de la rouille, des squelettes de structures, des bribes de signaux. Le doute est à la fois du côté du spectateur et de la construction de l’image elle-même : le spectateur s’interroge, incertain, hésitant à projeter son imaginaire ; et les images elles-mêmes semblent douter, entre affirmation massive et effacement programmé. Eva Nielsen met ainsi en crise l’authenticité de la vision (…).
Léa Bismuth, commissaire d’exposition
Extrait du catalogue « Zones de doute »
